Défendre les intérêts écologiques français à l'international : Alexandre, chef de projet normalisation environnement & changement climatique à l’AFNOR Normalisation

Les reconversions n’attendent pas forcément le nombre des années pour se faire. Alexandre, c’est d’abord 5 ans d’école de commerce. Assez loin des enjeux environnementaux, le jeune diplômé qu’il est n’arrive pas à trouver une place qui fasse sens pour lui au sein du monde du travail. Après 2 ans, il décide donc de reprendre des études en transition écologique. Pari qui lui réussit, puisque aujourd'hui, Alexandre travaille à l’AFNOR Normalisation en tant que chef de projet normalisation environnement & changement climatique et est ainsi le représentant français des normes sur l’environnement et le changement climatique à l’international. 

Le monde des normes 

Pour préparer cet article, lors de mon entretien avec Alexandre, je me suis vite rendu compte que c’était pour le moins… complexe ! Tout d’abord, il y a 2 types de norme à différencier : 

  • Les normes réglementaires : ce sont les normes d’application obligatoire. Par exemple, si l’on construit une voiture, on doit respecter certaines normes de sécurité, comme la ceinture ;
  • Les normes volontaires : c’est sur celles-ci que travaille Alexandre. Ces normes peuvent parfois appuyer la réglementation, mais leur objectif est d’abord de donner un cadre de références et de pratiques à un secteur. Elles donnent des lignes directrices à la façon d’une recette de cuisine pour atteindre des objectifs communs, comme la norme ISO 14001, qui propose un cadre pour que les entreprises mettent en place un système de management environnemental. Elles permettent de sensibiliser, mobiliser et d’inciter la mise en œuvre des bonnes pratiques. Elles ont aussi la particularité d’être construites par consensus. 

En France, c’est l’AFNOR normalisation, l’association française de normalisation, qui a la mission de création et de gestion de toutes les normes volontaires. Concrètement, elle a deux missions : 

  • Conseiller et appuyer les stratégies de normalisation des client·es partenaires français·es à 3 échelles : nationale, européenne et internationale. Les client·es partenaires sont varié·es : cela peut être des ministères, des agences gouvernementales (comme l’Office Français de la Biodiversité ou l’ADEME), des associations de toute taille (de la petite association au syndicat), des établissements académiques  (comme l’école des Mines de Paris), ou enfin, des entreprises (tout type de structures, de tous secteurs).
  • Animer les groupes de travail français avec tous les clients partenaires sur la normalisation et porter ensuite la voix de la France aux niveaux européen et international. 

Dans quasiment tous les pays, il y a l’équivalent de l’AFNOR. À l’international, les différentes structures se regroupent pour débattre et créer les normes ISO. À l’échelle européenne, c’est le Comité Européen de Normalisation qui gère les normes européennes. 

Influencer pour avancer

Au sein de cette grande machine, Alexandre est chef de projet normalisation environnement et changement climatique. Il gère le portefeuille de normes du management environnemental. Ce sont toutes les normes qui donnent des lignes directrices dans les organisations pour qu’elles mettent en place des systèmes pour gérer tous les aspects environnementaux génériques de leurs activités.  

On y retrouve notamment les normes concernant l’étiquetage environnemental, les gaz à effet de serre (comptabilisation, adaptation, atténuation) ou encore l’analyse de cycle de vie. Au total, ce sont 86 normes dans son domaine dont 19 projets en cours d’élaboration

Chacun de ces sujets sont traités dans des comités internationaux spécifiques à un enjeu écologique, par exemple, il existe un comité sur le changement climatique et un autre sur l’analyse de cycle de vie. À l’échelle française, Alexandre anime donc des groupes de travail en miroir de ces groupes internationaux. Les différents participants autour de la table discutent, commentent et donnent leur avis sur les orientations que devrait prendre tel ou tel texte normatif, quelle devrait être la stratégie de la France sur tel ou tel enjeu etc... Ainsi, il coordonne et anime dans l’objectif de faire émerger une position consensuelle, qu’il pourra ensuite porter dans les comités. Des documents de travail collaboratifs sont créés à l’échelle internationale pour que tous les pays puissent donner leur avis et qu’une norme puisse émerger. 

Loin d’être anecdotique, ce processus de consensus et de collaboration peu prendre jusqu’à 2 ou 3 ans. Il est en effet important de réunir un grand nombre de parties prenantes. Ce sont 123 pays qui participent aux travaux de normalisation sur l’environnement et le changement climatique :

« Les problèmes climatiques ont des impacts globaux. Aujourd’hui, on a encore tendance à aborder ses problématiques de manière nationale, voire de renvoyer à l’action individuelle. C’est rare que l’on mette autour de la table un ensemble de pays pour discuter et mettre en place des choses qui vont faciliter la transition écologique. À travers une réflexion collective, on va permettre le partage des bonnes pratiques, des guides communs, des lignes directrices pour réduire les impacts environnementaux. »

Une échelle ambitieuse

Ces longues temporalités amènent toutefois à une question : face à l’urgence, il faut s’outiller rapidement, le processus n’est-il alors pas trop long ? C’est aujourd’hui le frein principal qu’Alexandre identifie dans son métier.

« On réfléchit à la création de documents pré-normatifs. Ils apportent beaucoup plus de libertés, il n’y a pas d’obligation de consensus. Ils sont donc moins robustes, mais peuvent être utilisés plus tôt. »

Face à tous ces défis, Alexandre ressent beaucoup de fierté d’évoluer dans cet environnement hors du commun : 

«  Tous les jours, je travaille avec des grands experts internationaux dans les groupes de travail, parfois les pionniers de certaines normes. J’apprends tout le temps, c’est extrêmement stimulant ! De plus, je permets l'émergence de bonnes pratiques pour que les pratiques des organisations à travers le monde s'améliorent. »

Pour en savoir plus sur Alexandre, son travail ou les mécanismes des normes, vous pouvez le retrouver sur LinkedIn par ici !

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