Eta, ou comment transformer un parcours issu de la finance "classique" à l'analyse de données climat biodiversité chez Carbone4 Finance

Associer l’expertise d’une école d’ingénieur avec l’approche transversale d’une école de commerce pour proposer un programme dédié à la transition énergétique ? C’est le pari relevé par le Mastère Spécialisé Management de la Transition Énergétique qui permet de se former aux métiers de la transition en un an. Afin de mieux comprendre les profils et les débouchés qui se cachent derrière ce programme, nous avons été à la rencontre d’Eta Shehu, récemment diplômée du mastère spécialisé aujourd’hui salariée de Carbon4 Finance. Un entretien réalisé en partenariat avec l’emlyon business school, rédigé par Claire Pétreault, et agrémenté des interventions croisées de Xavier Blot et Lou Welgryn.

Quel a été ton parcours ? 

J’ai suivi un cursus économie-finance, à la Sorbonne puis à Assas. J’ai fait de nombreux stages dans le secteur… puis le COVID et le confinement sont arrivés. Je me rappelle m’être demandée : “à quoi ça sert ?”. Je me suis posée des questions existentielles sur la finalité de mes études, de mon choix de carrière, et comment je pouvais faire ma part concernant la crise climatique que nous sommes en train de vivre... Sans pour autant envoyer valser tout ce que j’avais déjà fait, j’ai cherché à ajouter une corde à mon arc. J’avais envie de quelque chose de technique, de comprendre la science et les enjeux derrière le sujet du dérèglement climatique. C’est comme ça que je suis arrivée à candidater au MS Management de la Transition Énergétique commun entre emlyon business school et ECAM Lassalle, puis à être prise en stage chez Carbon4 Finance où j’ai ensuite été recrutée.

Xavier Blot, enseignant-chercheur à l’emlyon business school et responsable du MS, précise : "nous sommes à la recherche de profils comme Eta. Des personnes aux parcours variés qui présentent un intérêt sincère pour les défis de la transition, qui n’ont pas encore le socle de connaissances et compétences mais qui souhaitent rapidement en faire un projet de carrière."

Que retiens-tu de ton passage dans le Master Spé ? 

La maquette pédagogique se découpe en trois grands axes : comprendre la situation du local au global ; outils et méthodes actionner pour accélérer la transition ainsi que posture et compétences de conduite du changement.


Au-delà de ce contenu à la fois spécifique et transversal, pouvoir évoluer avec la diversité des profils de la promo a été pour moi une expérience enrichissante. J’ai passé un an à échanger et débattre avec des personnes au parcours ingénieur, issues du service public, des secteurs juridique ou financier… J’ai énormément appris à leurs côtés et lors de tous les projets de groupes. Aujourd’hui, nous avons tous des métiers liés à la transition énergétique et nous travaillons dans 3 grands types de secteurs : le conseil, les entreprises de l’énergie renouvelable et les grands groupes sur les sujets orientés climat/transition…

Xavier : "En créant ce master spécialisé, nous souhaitions aller au-delà de la présentation technique des défis, et outiller concrètement les étudiants afin qu’ils soient aptes à porter la transition énergétique en interne dans les entreprises. C’est pour cela que les modules dispensés vont des connaissances scientifiques climat/énergie à la présentation de modèles économiques bas-carbone, en passant par les sciences du comportement et la méthodologie d’éco-conception. Ce sont des nouvelles compétences nécessaires pour relever le défi de la transformation des entreprises."

Quelle est la mission de l'entreprise pour laquelle tu travailles ?

Carbon4 Finance est le fournisseur de données climat et biodiversité, du groupe Carbone 4. Notre mission, c’est d’accompagner les institutions financières à comprendre et estimer en termes d’impact les risques et opportunités des projets et entreprises dans lesquelles elles investissent. Nous avons développé une méthodologie qui permet de donner une notation climatique à chaque ligne d’investissement, et nous travaillons également à intégrer la notation sur le risque de biodiversité. En tant qu’analyste data climat et biodiversité, j’analyse la donnée publique des entreprises présentes dans les portefeuilles de mes clients. Je regarde à la fois les résultats (données physiques, les émissions reportés) mais aussi la stratégie annoncée : compter et noter aide à comprendre et à rendre tangible. L’objectif, c’est donc à la fois d’informer, mais aussi d’inciter à réduire l’impact négatif. 

Quelles sont les connaissances & compétences que tu mobilises ? 

Parmi les grandes compétences que je mets en pratique, il y a l’esprit critique, analytique et de synthèse et la capacité à mobiliser les ordres de grandeurs. Pour ce qui est des connaissances, il est indispensable de savoir se référer aux grands enjeux climat/environnement par secteurs d’activités, mais aussi à l’échelle globale. La curiosité et l'intérêt pour le sujet climat sont évidemment nécessaires ! Ce qui est intéressant, c’est que je mélange mes compétences développées lors de mon parcours financier et économique avec celles apprises dans le master spécialisé en transition énergétique. Je sens que mon avis compte et que mon équipe est à l’écoute de mes intérêts personnels liés à ma première vie en finance. Cela me permet d’appréhender les choses de manière globale et de faire le lien entre toutes mes expériences. 

Lou Welgryn, manager à Carbone4 Finance, explique : "nous recherchons des profils qui ont à cœur de mettre plus de transparence dans le monde de la finance. La compétence analytique est indispensable, car il faut aimer creuser des sujets, des business d'entreprises, pour comprendre la physique qu’il y a derrière et la ramener dans l’économie. Pour analyser les stratégies d’entreprise, avec un esprit critique et de synthèse, il faut aussi avoir des compétences rédactionnelles. L'objectif est de savoir bien restituer pour que des non experts comprennent tout de suite si une entreprise va dans la bonne direction ou non !"

Quel regard portes-tu sur ton parcours ? Quels conseils aimerais-tu partager à celles et ceux qui se questionnent ?

Je crois qu’il faut accepter d’être perdue. C’est comme ça qu’on trouve sa voie, avec du temps et de la réflexion pour écouter ses envies et prendre du recul. Aujourd’hui, j'essaye de rester optimiste, car je suis entourée de gens engagés et que je vois les choses bouger. Évidemment, j’ai l’impression que les choses ne vont pas assez vite, mais j’essaie de me focaliser sur le positif. S’informer m’aide aussi à bien comprendre et à passer à l’action. Parmi les ressources que je recommande, je vous conseille de lire le rapport du GIEC (bon, plutôt la synthèse), ou d’en lire les résumés dans des médias comme Bon Pote ou Vert le Média. Faire une Fresque du Climat est également un bon début pour se rendre compte des enjeux. Aussi, et ce n’est pas parce que je travaille à Carbone 4 (rires), je suggère fortement de découvrir les vidéos & la bande dessinée de Jean-Marc Jancovici !

Si comme Eta, vous souhaitez renforcer votre cursus en vous formant pendant un an aux défis et leviers d’action face à la transition écologique, vous pouvez candidater au Mastère Spécialisé Management de la Transition Énergétique ici.

Derniers articles

En voir plus